Le Collège de droit de l’université Paris 2 Panthéon-Assas
Le Collège de droit célébrait, le 7 novembre 2019, ses dix ans d'excellence. Une existence qui tient beaucoup du pari aujourd'hui réussi, comme tiennent à le souligner les professeurs Olivier BEAUD et Denis BARANGER de l'Institut Michel Villey, qui enseignent depuis la création dans la filière Fondements du droit.
« L’idée visionnaire de l’ancien président de l’université Louis VOGEL, créateur du Collège, a été de coupler d'emblée deux dispositifs indissociables : le Collège de droit et les parcours réussite », explique le professeur Denis BARANGER. Et de poursuivre : « Son intuition et son analyse étaient justes. L’équilibre du projet et la condition de son intégration réussie reposaient, en sus de l’enseignement de licence, sur des enseignements complémentaires, proposés à des étudiants volontaires et motivés : les uns pour les aider à améliorer leur niveau – le parcours réussite –, les autres pour aller plus loin en accompagnant les enseignements classiques d’une ouverture et d’une pluridisciplinarité bénéfiques aux jeunes juristes – le Collège de droit. Avec les professeurs Isabelle TEYSSIE, Yves LEQUETTE, Bénédicte FAUVARQUE-COSSON, entre autres, nous avons vu le projet accepté par l’ensemble de la communauté académique et plébiscité par les étudiants et les professeurs ; aujourd’hui le Collège de droit s’est imposé comme une incontestable réussite, qui tient aussi à l’engagement de toute l’université. »
Le professeur Cécile PÉRÈS a repris la direction du Collège suite au décès du regretté professeur Pierre CROCQ, qui en a assuré la direction pendant dix ans, Elle précise qu’ « au-delà de la formation technique très solide qu’assure la licence générale à tous les étudiants, le Collège de droit apporte une ouverture supplémentaire. La pluridisciplinarité permet ainsi aux étudiants en droit de faire des liens et des parallèles avec les autres sciences humaines et sociales comme la philosophie, la sociologie, l’économie et la gestion. S’il est une technique, le droit n’est cependant pas isolé au sein de la société et vient se nourrir des champs sociaux. Les enseignements proposés permettent ainsi de former des juristes ouverts sur la société dans ses différentes composantes. »
Articulés autour de trois filières – Fondements du droit, Économie-gestion, Internationale – que les étudiants suivent en deuxième et troisième année de licence après une première année de tronc commun, les enseignements requièrent de dégager cinquante à quatre-vingt-dix heures annuelles supplémentaires en sus de la charge de travail propre à la licence. « Nos étudiants doivent déjà parfaitement maîtriser l’organisation de travail de la licence, il est certain que le suivi de cette scolarité demande une motivation particulière », insiste le professeur Cécile PÉRÈS. Et d’ajouter : « Nous exigeons une double moyenne minimale qui sanctionne le maintien ou non dans le dispositif. Chaque année, des étudiants quittent ainsi le Collège, faute de satisfaire au niveau requis, tandis que d’autres y entrent. La fluidité du dispositif permet ainsi à tout étudiant qui le souhaite et dont le niveau le permet, d’intégrer en première, deuxième ou troisième année le Collège de droit. La continuité naturelle en master est, ensuite, l’École de droit. »
Président de l’association du Collège de droit, Stanislas ANDREU insiste sur l’apport des enseignements qui y sont dispensés, non seulement en termes de « label sur un CV, mais bien au-delà ». Il ajoute : « Les étudiants peuvent choisir leur spécialité en fonction de leur projet professionnel, afin de parfaire leur formation et se donner les meilleures chances d’intégrer le master 2 qu’ils souhaitent. Mais certains étudiants font également le choix de suivre une filière pour enrichir leur culture et se donner une respiration dans un cursus technique exigeant. L’ouverture que nous y gagnons est incontestable : avec dix ans d’existence, notre association compte désormais suffisamment d’alumni pour que nous puissions affirmer que le passage par le Collège de droit, dont le modèle a depuis été repris dans d’autres universités, est très apprécié des recruteurs. »
Le bénéfice d’une culture intellectuelle approfondie est particulièrement souligné par les professeurs Olivier BEAUD et Denis BARANGER : « Les trois filières se sont imposées d’elles-mêmes assez rapidement, dès le début des réflexions. Concernant la filière Fondements du droit, qui comprend des enseignements de philosophie et sociologie du droit, il était important de pouvoir offrir ces matières à des étudiants qui, pour vouloir entamer de solides études de droit, ne souhaitaient pas pour autant se priver de matières qu’ils avaient pu apprécier soit en classe de terminale, soit en classe préparatoire, par exemple. »
« Le droit est certes une technique, résume Stanislas ANDREU, mais on voit combien il est important de le rapporter à une vision plus large et complexe de la société dans laquelle il s'insère. »
Illustration en a été donnée le 7 novembre 2019, lors de l’événement organisé au centre Assas par l’association du Collège de droit pour la célébration de son dixième anniversaire, ouvert par le professeur Laurent LEVENEUR, qui a rendu un hommage appuyé au professeur Pierre CROCQ, dont l’humanité, la rigueur et la bienveillance ont marqué la direction. « En accomplissant tout ce travail souvent fastidieux, parfois invisible mais nécessaire, Pierre CROCQ nous a offert un confort d’enseignement incomparable », a également insisté le professeur Denis BARANGER. Durant cet événement, trois tables rondes ont été animées chacune par un étudiant du Collège et ont réuni, sous l’angle dominant de chaque filière, universitaires, professionnels et éminentes personnalités autour des enjeux du droit de l’environnement. Promotrice de la filière Internationale pour y avoir enseigné durant dix ans, la récemment nommée Conseillère d’Etat Bénédicte FAUVARQUE-COSSON était notamment présente. Les interventions d’économistes, de juristes, d’avocats et magistrats et de scientifiques ont par ailleurs enrichit les débats préparés par les étudiants.
Heureuse de reprendre le flambeau d’un « magnifique dispositif, qui vaut que l’on s’investisse pour le maintenir au plus haut niveau », le professeur Cécile PÉRÈS confie que « la pluridisciplinarité, qui bénéficie tant à nos étudiants, nous apporte également beaucoup en tant qu’enseignants. La souplesse du format « diplôme d’université » nous permet de proposer des innovations pédagogiques, d’inviter des professeurs étrangers, et tout simplement de nous rencontrer entre professeurs de différentes disciplines, ce qui est appréciable et enrichissant. »
Revenant sur les vertus d’un certain élitisme, le professeur Denis BARANGER précise : « Nous ne pouvons que louer le niveau général des étudiants, mais il est vrai qu'enseignant aux étudiants du Collège de droit, je me suis souvent surpris à redécouvrir mon métier dans des conditions particulièrement exaltantes ». Le professeur Olivier BEAUD ajoute : « L’enseignement en amphithéâtre a de grands mérites, mais il a aussi des limites. » Et tous deux, de conclure : « Offrir gratuitement (ou presque) à des étudiants, choisis sur le seul critère de leur volonté, d’étudier au plus haut niveau d’exigence les cours de professeurs d’universités aussi prestigieuses que Yale, Harvard ou de la London School of Economics, est le privilège inestimable de notre université. »