Procès fictif de l’association du Collège de droit
Un procès pénal fictif a eu lieu dans une salle de l’université, sous l’impulsion d’Aliette JANNIN, présidente de l’association du Collège de droit. Ordinairement spécialité des diverses associations de débat et d’éloquence d’Assas, le procès fictif est un exercice à la conception et à la mise en œuvre complexes. C’est toutefois avec brio que s’en sont acquittés les élèves du Collège de droit, une partie s’étant d’abord affrontée lors de présélections pour le privilège d’occuper les rôles d’avocats de la défense ou de la partie civile. Les rebondissements offerts par un scénario rocambolesque ont par ailleurs été retransmis par le Canal Network Assas (Le CNA) sur leur page Facebook.
Aucun ingrédient ne manquait, il est vrai, pour faire monter le suspens : une ancienne délinquante et braqueuse, qu’on dit repentie lors de son séjour au placard, amatrice de Nietzsche et soudaine prêcheuse de la pureté morale, portée par un storytelling redoutable jusqu’à la mairie de sa ville ; un homme fraîchement sorti de prison retrouvé mort, assassiné peut-être, qui avait des choses à raconter sur cette amie qui l’accompagnait jadis faire les quatre-cent coups ; Bonnie et Clyde en somme, où Bonnie aurait abattu son complice afin que leurs crimes d’antan ne maculent plus jamais une robe tenue pour vierge de taches par chacun. Les morts articulent toujours moins bien.
Mais ces rapprochements, qu’un juré non averti peut être tenté d’effectuer à la découverte des faits, sont-ils si évidents ? La réponse est non pour les avocats de la défense, qui se sont attelés, au long du procès et des interventions des témoins, à démontrer que l’habit ne fait pas le moine. Au cours des interrogatoires, lumière se fit sur l’absence de preuves permettant d’établir la culpabilité, ni même la présomption d’une implication du maire dans cette macabre affaire. Il est permis de saluer les efforts déployés par le procureur afin d’établir une corrélation entre la mort suspecte, avouons-le, de la victime et le comportement de l’accusée. Celle-ci échafauda des hypothèses sur les menaces proférées par le maire, surprises par une employée de la mairie, qui feraient suite aux révélations agitées par le défunt comme autant de casseroles capables d’envoyer une carrière politique au tapis. Mais le changement de discours impromptu d’un médecin-légiste revenant sur ses constatations légalement effectuées et, finalement, le manque d’éléments matériels tangibles empêchèrent l’accusation de dépasser le stade de l’éventualité, dans une matière où la certitude est reine. Les plaidoiries éloquentes des avocats de la défense et du procureur couronnèrent ce procès, chacun apportant une signification différente des faits. Une référence à Star Wars dans la plaidoirie du procureur fut saluée par le public, quand la disqualification méthodique des deux éléments de l’infraction par le premier avocat de la défense sut gagner les esprits pragmatiques.
Il fallut presque quatre heures pour en arriver au verdict : après délibération, le jury acquitta l’accusée des charges qui pesaient contre elle. S’ensuivit un déjeuner entre tous les étudiants présents, illustrant par-là l’idée toute française qu’il est, hors du procès pénal, un autre lieu de purgation des passions : la convivialité de la tablée.
Auteur : Antoine DE LA TOUR